RSS
Vous êtes ici : La Biffutière » ActualitĂ©s de La Biffutière » La solitude, notre vĂ©ritĂ©

La solitude, notre vérité

 LA SOLITUDE, NOTRE VERITE ?

Par le Père Jean de la Croix – Gabriel Robert (Cl 53)

Conférence donnée à la Grande Chartreuse le 17/08/2014

 Préambule

 1 – La tradition monastique

201409musee-chartreuse-bandeau

Cette année, nos frères Chartreux célèbrent le 500ème anniversaire de la canonisation de saint Bruno, leur fondateur.

Essayons de mieux comprendre ce qu’il a voulu réaliser pour la seule Gloire de Dieu, pour l’Eglise de son temps et pour nous aujourd’hui encore.

 Pour sa mission et pour son œuvre, saint Bruno va puiser dans la longue tradition monastique. Tout d’abord, celle des Pères du Désert autour des deux grandes figures : Antoine (mort en 356) qui, s’enfonçant toujours plus loin dans les solitudes des déserts d’Egypte, sera le père de nombreux ermites ; ainsi que Pachôme (mort en 346) qui, toujours en Egypte, sera le fondateur d’un autre type de vie monastique, la vie cénobitique regroupant des hommes qui mènent la vie commune autour d’un Père Abbé.

 Antoine et Pachôme auront, au cours des siècles, une nombreuse descendance. Pour l’Orient, il faut citer saint Basile évêque de Césarée, (mort en 378), et considéré comme le père des moines d’Orient grâce à deux règles monastiques : le petit et le grand Ascéticon. Pour l’Occident, il faut citer saint Benoît (mort en 532) qui, grâce à sa Règle, recevra le nom de « Père des moines d’Occident ».

Pour saint Bruno, nous savons que l’évêque saint Hughes de Grenoble, l’accueille avec ses 6 compagnons en l’an 1084, et les conduit au désert de Chartreuse. Le Pape Urbain II, en 1088, appelle son Maître Bruno pour qu’il le rejoigne à Rome. Trois ans plus tard, Bruno se rend en Calabre pour y reprendre sa vie de solitude. Il y mourra le 6 0ctobre 1101.

En Chartreuse, Bruno sera le fondateur d’une vie monastique où solitude et vie fraternelle seront conciliées, avec une insistance cependant pour la vie de solitude.201409san_bruno_le_chartreux

C’est Guigues, le 5ème Prieur de Chartreuse, qui rédigera en 1122 les « Coutumes des Chartreux » qui s’achèvent sur l’éloge de la vie solitaire.

 S’il fallait traiter de l’histoire du monachisme, cette trop brève présentation, bien sûr, ne pourrait suffire.

2 – L’Evangile et Jésus

Il conviendrait maintenant que nous regardions ce que l’Evangile nous apprend de Jésus, l’Envoyé du Père.

Si nous voulions contempler qui est Jésus, nous aurions à le suivre depuis le long et mystérieux silence de Nazareth, puis au début de sa vie publique lors de son baptême au Jourdain jusqu’au terme de sa vie : sa mort sur la Croix, sa Résurrection au Jour de Pâques jusqu’à son Ascension au Mont des Oliviers.

Durant sa vie publique, Jésus est rarement seul. Toujours, nous le voyons avec ses disciples, avec des foules, et des malades et des possédés. C’est ainsi que Jésus est souvent suivi de tous ceux qui sont émerveillés de ce qu’il dit et accomplit au milieu d’eux.

Cependant, à plusieurs reprises, Jésus nous révèle cette présence du Père qui ne le quitte jamais : « Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul parce que je fais toujours ce qui lui plaît » (Jn 8, 29).

C’est ainsi que Jésus aime à se retirer seul dans la montagne afin de s’y livrer, souvent de nuit, à de longues heures de prière solitaire sous le regard de son Père des cieux.

 1 – Quel est le sens d’une vie d’homme ?

 Ce que nous venons d’évoquer, très brièvement, de la tradition monastique et de la vie du Christ Jésus, peut faciliter l’autre regard que nous devons avoir sur ce qu’est l’homme et ce qu’il doit devenir dans le dessein de Dieu. Telle sera le thème de notre propre réflexion !

Tout être humain est toujours appelé à sortir de soi. S’enfermer en soi-même pourrait bien n’être qu’une forme subtile, voire inconsciente, de suicide. Vivre consiste donc à s’ouvrir : s’ouvrir à tout homme et à tous les hommes, et même s’ouvrir à toute la création, mais, en tout premier, s’ouvrir à Dieu.

On peut s’enfermer sur soi-même par orgueil et mépris de l’autre, le pharisien venu au Temple nous en donne le triste modèle (Lc 18, 9-14). On peut aussi s’enfermer sur soi par peur de l’autre, par angoisse devant la vie avec ses imprévus et ses risques, et, plus profondément, en doutant de soi-même.

 En effet, si nous ne savons pas qui nous sommes, la rencontre de l’autre présentera toujours un danger pour nous !

Sortir de soi est donc le seul chemin qui puisse nous conduire, non seulement à l’autre, mais aussi à nous-mêmes, et plus encore à Dieu. Oui, tel est bien le chemin de notre propre vérité.

 Benoît XVI, dans sa première encyclique : « Dieu est Amour », invite tout homme à sortir de lui-même. Tel est cet « exode permanent allant du Je enfermé sur lui-même vers la découverte de soi-même, plus encore vers la découverte de Dieu » (N° 6).

Sortir de soi pour enfin être libre, sinon le risque serait grand de rester prisonnier de soi-même, dans le plus terrible des esclavages : l’esclavage de soi !

 Il pourrait nous arriver d’être tellement captifs de nous-mêmes, tellement esclaves de nos égoïsmes, de nos jalousies et de nos autres misères, que nous n’accèderions jamais à notre vraie liberté. C’est ainsi que certaines pertes de soi-même sont une forme possible de possession du Mauvais.

Cette invitation de Benoît XVI à sortir de soi en vue d’un exode vers l’autre et même vers Dieu, convient tout à fait à ce que nous avons à vivre dans un monde où règne, plus que tout, l’individualisme et toutes ses conséquences. Nous devons donc affronter cette conviction fausse, et même perverse, que pour être soi et devenir soi-même, il ne faut dépendre de personne.

Se vouloir ainsi autonome pour mieux se croire libre et se conquérir soi-même n’est qu’un leurre, qu’une illusion de liberté. Notre vraie liberté – qui ne peut jamais être un absolu face à la souveraine liberté de Dieu – ne peut se réaliser que dans le respect de la liberté de  l’autre.

Se vouloir libre, sans tenir compte de l’autre, ne peut conduire à la vraie liberté, la liberté d’un amour où ce que l’autre souhaite compte plus que ce que l’on désire pour soi. Que serions-nous si l’autre n’avait plus de place en nos vies ?

Cet autre indispensable, il faut pourtant le bien choisir. S’il n’était qu’un tyran, je ne serais qu’un esclave broyé sous son orgueil et ses prétentions. S’il n’était qu’un égoïste, je ne serais plus que la chose qu’il prétendrait posséder. Face à l’autre, une prudence et un discernement s’imposent pour ne pas se laisser embarquer avec n’importe qui et vers n’importe quoi.

 Pourtant, sans l’autre, je ne peux devenir ce que je suis appelé à être. Tout enfant a besoin, quoiqu’en pensent nos législateurs du moment, d’un père et d’une mère, de parents qui se respectent tout en se donnant les preuves d’une belle fidélité.

De même, tout adolescent a besoin de maîtres, d’hommes et de femmes qui soient pour lui des références sûres, de beaux modèles à suivre et à imiter.

2 – Qu’en est-il alors de la solitude ?

 Affirmer que l’autre, à condition d’être bien choisi et discerné, est indispensable à notre propre vie, quelle place, alors, peut être gardée pour la solitude ?

 Avant d’aborder cette nouvelle étape de notre réflexion, il convient de noter que si, sans l’autre, je ne peux devenir moi-même, cela n’implique nullement que je me pervertisse moi-même en possesseur de l’autre.

Si l’autre devenait ma propriété et ma chose, je ne serais alors qu’un tyran et un exploiteur et, sur un tel chemin – impasse sans issue – je ne pourrais que me détruire moi-même.

Un combat contre soi-même est donc toujours requis. Si l’autre n’était plus qu’un objet à posséder, s’il n’y avait plus en moi une place pour le respect et la gratuité, je ne serais devenu moi-même qu’un pur objet aussi inutile que détestable.

 Ne rien vouloir posséder, c’est ce que saint Benoît demande dans sa Règle. Il n’y parle jamais de pauvreté, mais toujours des nécessaires dépossessions. Voici la question posée : « Les moines doivent-ils avoir quelque chose en propre ? » (RB 33). La réponse est claire : « nihil omnino », absolument rien. A l’évidence, saint Benoît n’aime pas le « proprium », ce que nous voudrions posséder en propre.

Que devenons-nous donc percevoir sous cette avidité de possession ? La seule réponse possible et qui nous rejoigne en profondeur est la suivante : la peur du vide, la peur du rien, la peur du désert et de la solitude.

 C’est pour cette raison que nos avidités sont à comprendre comme des fuites, des fuites de soi-même dans la crainte de se retrouver seul face à l’inévitable solitude humaine.

 Nul ne peut se fuir en permanence et s’éviter soi-même, si l’on veut vraiment se retrouver comme « mystère de solitude », notre plus belle identité ; à la fois la plus profonde et, en même temps, le sommet de tout ce que nous sommes et avons à devenir.

 Pour justifier une telle affirmation, il nous faut citer quelques pages du théologien Ratzinger dans son ouvrage, magnifique synthèse de sa théologie : « La foi chrétienne hier et aujourd’hui » [1] :

 « Dans cette dernière prière de Jésus (son cri sur la Croix), comme d’ailleurs dans la scène du Mont des Oliviers, il apparaît que l’essentiel de sa Passion n’est pas dans une quelconque souffrance physique, mais dans la solitude radicale, le délaissement total. Or, c’est finalement l’abîme de la solitude de l’homme tout cout qui se révèle ici, de l’homme qui, au plus intime de lui-même, est seul.

Cette solitude qui se dissimule habituellement sous toutes sortes de masques, mais qui est pourtant la vraie situation de l’homme, représente en même temps, la contradiction la plus profonde avec l’être de l’homme ; celui-ci ne peut rester seul, il a besoin d’être avec quelqu’un. Aussi la solitude est-elle le domaine de l’angoisse, qui a sa racine dans la précarité de l’être de l’homme, être menacé, exposé, parce qu’il doit être, et qu’il est pourtant projeté vers ce qui lui est impossible ».[2]

 Texte admirable où tout est dit du Mystère de l’homme, de ce qu’il est en vérité, ainsi que de sa contradiction la plus intime : il est projeté vers ce qui lui est impossible, à savoir sa solitude et sa réalité de créature inséparable de son Créateur !

 « L’homme livré à la solitude extrême a peur, non pas de quelque chose de déterminé, susceptible d’être neutralisé par des arguments ; il expérimente la peur de la solitude, l’insécurité et la précarité de son être, qu’il est impossible de surmonter par la raison ».[3]

 Au sujet de l’expérience de la mort quand elle devient proche, ou quand elle concerne un être proche, Ratzinger complète sa pensée :

 « De même, celui qui est seul avec le mort sentira son inquiétude s’évanouir si quelqu’un est avec lui, s’il éprouve la présence d’un Toi. Cette  manière de dominer la peur révèle une fois de plus en quoi elle consiste : elle est peur de la solitude, la peur d’un être qui ne peut vivre qu’avec d’autres. La véritable peur de l’homme ne peut être surmonté par la raison, mais uniquement par la présence d’un être aimant ».

 « S’il y avait une dĂ©rĂ©liction si profonde qu’aucun Toi ne pourrait plus y atteindre, alors ce serait la solitude vĂ©ritable et totale, la peur totale, ce que le thĂ©ologien appelle « enfer »… La mort, c’est la solitude tout court, tandis que la solitude oĂą l’amour ne peut plus pĂ©nĂ©trer, c’est l’enfer ».[4]

 Pour aller jusqu’au bout de la vérité de notre foi en ces questions ultimes, celles de la mort et de l’enfer, citons un autre texte pour conclure :

 « Le Christ a franchi la porte de  notre ultime solitude,… il est entrĂ©, Ă  travers sa Passion, dans l’abĂ®me de notre dĂ©rĂ©liction. LĂ  oĂą aucune parole ne saurait nous atteindre, il y a Lui. Ainsi l’enfer est surmontĂ©, ou plus exactement, la mort qui auparavant Ă©tait l’enfer, ne l’est plus. …Au milieu de la mort, il y a de la vie, parce que l’amour habite au milieu de la mort. Seul le repliement dĂ©libĂ©rĂ© sur soi-mĂŞme est dĂ©sormais enfer ou, comme le dit la Bible : seconde mort (Apoc 20, 14). La porte de la mort est ouverte depuis que dans la mort habite la vie, c’est-Ă -dire l’amour ».[5]

 Mais comment y parvenir à cette vie toute habitée par l’amour ? Si nous ne voulons pas nous fuir sans cesse, que devrions-nous donc faire ? J’aime la réponse que donne le Pape saint Grégoire le Grand dans ses dialogues au sujet de saint Benoît qui, après la douloureuse expérience de Vicovaro où il fut Abbé pour la première fois, revient enfin à sa bienheureuse solitude, où enfin il pourra : « habitare secum », c’est-à-dire habiter avec soi-même.

 Notons, en passant, que cette image et cette consigne sont reprises dans la  lettre que saint Bruno adresse à son ami Raoul le Verd. (Cf. S.C. 88, p. 70-71).

Il m’a fallu quelques années avant d’arriver à comprendre ce « habitare secum » où saint Grégoire nous présente non seulement l’idéal du moine, mais plus encore la vraie vocation de tout être humain : être soi, enfin ! Et cela, grâce à une solitude qui ne sera jamais qu’une rude et belle conquête de soi, ainsi qu’une conquête de l’amour qui est « Lui », le Christ.

Sur ce chemin de notre identité, nous aurions pu citer saint Augustin qui reconnait, au livre des Confessions (L.X, XXVII, 38), qu’au terme de son retour à soi, l’homme ne peut être que l’hôte qui accueille, au plus secret de lui-même, la beauté de son Dieu : « Tard, je t’ai rencontrée, Beauté toujours nouvelle, Beauté toujours ancienne, tard je t’ai rencontrée. Tu étais au-dedans de moi, c’est moi qui étais au dehors ».

Saint Augustin nous fait ainsi comprendre que nul ne peut s’habiter soi-même sans être d’abord habité par Dieu. Du même Auteur, nous aurions pu citer cette autre sentence bien connue : « Noverim me, noverim Te » : que je me connaisse pour que je Te connaisse.

Saint Augustin recueille ainsi tout ce que doit ĂŞtre une vie d’homme. Que je me connaisse, c’est-Ă -dire que je sois capable d’habiter avec moi-mĂŞme, de revenir Ă  la vĂ©ritĂ© que je dois ĂŞtre, alors je pourrai Te connaĂ®tre, Toi mon Dieu, et demeurer avec Toi pour que Tu puisses Ă  jamais demeurer en moi ! Oui, telle est bien notre vocation d’homme et de chrĂ©tien.

 3 – Consentir à sa propre vérité

Reconnaissons, maintenant, que tout converge, de la vision chrétienne de l’homme, en ce consentement à tout ce qu’il est dans le dessein créateur et rédempteur de Dieu. Consentir à soi-même et ne plus chercher à se fuir : telle est bien la vérité de l’homme.

Mais comment y parvenir ? A l’école de toute l’Ecriture, une seule réponse est possible : Dieu nous crée et nous veut « Auditeur de sa Parole »[6], ce qui implique, en tout premier, une écoute de cette Parole. Il faut donc que notre écoute rejoigne ce que Dieu est, ce qu’il est en lui-même ainsi que pour nous.

Mais pourquoi écouter ? Sinon parce qu’il est de notre vocation et même de notre identité de donner à Dieu la réponse qu’il attend de chacun de  nous et de nous tous ensemble.

Cependant, nous le savons bien : depuis le Jardin de la Genèse, l’homme, abandonné à lui-même, n’est plus capable de donner à Dieu sa propre réponse. Il s’est voulu sans Dieu, et même il s’est voulu semblable à Dieu, mais sans lui. Il a, alors, non seulement perdu son intimité avec Dieu, mais, en plus, il s’est perdu lui-même.

Puisqu’il s’est perdu en écoutant son Tentateur, il ne peut se retrouver qu’en écoutant son Rédempteur, le Christ Jésus. Désormais, c’est dans le seul « oui » de Jésus que notre réponse est possible. D’ailleurs, ce « oui » de Jésus, son « Amen », qu’il a donné à toute la volonté du Père, il l’a donné pour nous afin que nous puissions donner  notre propre Amen à Dieu.

C’est donc à l’écoute de l’Evangile et en contemplant tout ce que Jésus nous révèle de lui-même, que nous pouvons percevoir et pressentir ce que nous sommes appelés à devenir. Ce qu’il est comme Fils de Dieu, nous avons à le devenir à notre tour : tel est bien l’essentiel d’une vie chrétienne !

Cette vérité qu’il est, Jésus est venu nous l’offrir. Nous offrir son propre « oui » jusqu’à ce que le nôtre vienne s’accorder au sien. Un accord qui soit notre chant le plus vrai et le plus beau, un chant qui jaillisse, comme une source, silencieuse, du plus profond de nous-mêmes.

Conclusion

201409leschartreuxUni à tous ses frères, chaque chrétien peut accomplir, en lui-même, son « Mystère de solitude ». Mystère qui l’identifie peu à peu à l’être même de Dieu Trinité. Ô bienheureuse une telle solitude, si nous la vivons « pour la Gloire de Dieu et le salut du monde ». Elle est bien notre vérité et notre vocation.

Nous pouvons alors nous interroger une dernière fois : en tout ce que nous avons essayé d’exprimer de notre vérité la plus profonde,  nous sommes-nous beaucoup éloignés de l’idéal cartusien voulu par saint Bruno lui-même ? Si Bruno et tant d’autres moines ont fait le choix de la vie solitaire, n’ont-ils pas ouvert pour tout homme et pour chacun de nous ce beau chemin où nous pourrons nous trouver nous-mêmes en trouvant notre Dieu.

Père Jean de la Croix – Gabriel Robert (Cl 53)

[1] J. Ratzinger, 1ère édition 1969, 2ème édition Cerf 2005, p. 211-213

[2] Ibid. p. 211.

[3] Ibid. p. 211.

[4] Ibid. p. 212-213

[5] Ibid. p. 213.

[6] Cf. H.U. von Balthasar, La prière contemplative, Parole et Silence 2002, p. 18.

Les illustrations sont Ă  l’initiative de La Biffutière