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Le Christ : Notre Solidarité

LE  CHRIST : NOTRE  SOLIDARITÉ

Est ici repris le texte de la confĂ©rence de CarĂŞme, ayant pour thème “Le Christ : notre solidarité”, de notre camarade Gabriel Robert (Cl 53) – Père Jean de la Croix, moine bĂ©nĂ©dictin – donnĂ©e  en la cathĂ©drale de Grenoble en 2011.

1 – Pourquoi ce titre ?

cache_551831Le Christ, notre paix ; le Christ, notre salut… Ces expressions tirées de l’Ecriture peuvent justifier celle que nous retenons pour notre réflexion : « Le Christ, notre solidarité ».[1]

Le Christ est notre solidarité, en effet, comme source et cause première de notre solidarité avec Dieu. Jésus s’est voulu solidaire de tout homme et de tous les hommes comme médiateur et artisan de notre solidarité avec Dieu. Il nous faut accueillir cette solidarité même et en vivre, car nous avons mission de l’annoncer et de la communiquer à tous nos frères les hommes.

Cependant, si le Christ est Celui par qui nous sommes solidaires avec Dieu, il est aussi Celui en qui nous pouvons et devons l’être les uns pour les autres afin de construire ensemble une Eglise qui le soit de son Seigneur Jésus Christ ainsi qu’avec toute l’humanité.

Le Christ, en effet, nous appelle et nous presse pour qu’ensemble, nous construisions un monde digne de l’homme, c’est-Ă -dire oĂą tout homme et tous les hommes soient respectĂ©s dans leur dignitĂ©, leur libertĂ©, et en tout leur ĂŞtre.

Nous devons donc accueillir la solidarité du Christ pour nous et avec nous afin de bâtir, dans la solidarité avec  nos frères chrétiens, non seulement une Eglise digne de lui et de son Evangile, mais également un monde digne de ce que tout homme est au plus intime de lui-même, au plus beau et au plus vrai de sa vocation.

2 – Le Christ, notre solidarité, dans un monde en mutation

Certes, nous sommes dans un monde en mutation ! Cependant, ne soyons pas naïfs, quant au monde, il l’a toujours été. Dans la Bible, nous le voyons avec le peuple d’Israël, toujours en errance depuis sa sortie d’Egypte jusqu’à ce moment des derniers temps qu’est la naissance du Christ en notre monde.

 Cependant, qui dit mutation ne dit pas nécessairement changement positif. Nous sommes dans un monde qui connaît un progrès scientifique à grande accélération, et nous sommes en droit de nous interroger sur ce que sera le monde concret de demain ; car ce changement, dû au progrès des sciences et des techniques, ne nous garantit nullement un monde qui soit meilleur pour l’homme, un monde où soient enfin respectées les grandes valeurs qui fondent sa vie : le respect de sa dignité, la justice et la paix, et, bien sûr, l’indispensable solidarité de tous les hommes entre eux.

Le progrès des sciences et des techniques, en effet, n’est pas que source d’espoir, il l’est aussi d’inquiétude, voire même d’angoisse. Que seront, demain, nos vies humaines au sein d’une création  que nos soi-disant progrès risquent de détruire ?

Quel progrès véritable peuvent nous promettre et nous offrir effectivement nos diverses sociétés et ceux qui en portent les responsabilités politiques, économiques et sociales, si les valeurs morales fondamentales de toute vie humaine ne sont pas reconnues et, pleinement, respectées ?

Dans notre monde, les solidarités sont nombreuses et nous devons nous en réjouir, mais, hélas, il nous faut aussi constater l’impressionnante marée du chacun pour soi, ainsi que du mépris de ce qui est absolument requis pour que soient respectées la dignité et la liberté de tout homme.

Cependant, si l’Evangile nous presse, commençons, cela est de simple sagesse, par voir quel enseignement il nous propose. Quelle solidarité, le Christ nous propose-t-il ? Et même, quelle solidarité est-il lui-même pour nous ?

Enfin, question inséparables de celles-ci : quelle solidarité devons-nous réaliser entre nous afin de répondre à la sienne, pour la rejoindre et y conformer chacune de nos vies

 3 – Pourquoi et comment le Christ nous est-il solidaire ?

Quand le Verbe se fait chair, c’est-Ă -dire quand il vient assumer notre humanitĂ© en sa fragilitĂ©, en sa faiblesse et en ses limites – hormis le pĂ©chĂ© – il rĂ©pond, en tout premier, Ă  la volontĂ© du Père qui le veut un avec nous comme il est un avec Lui !

Le grand dessein de Dieu de tout créer dans l’unité et de tout ramener à l’unité ne pouvait s’accomplir, après la division et la dispersion instaurées par le péché, que par le Médiateur par excellence : Celui qui, étant un avec Dieu de toute éternité, est entré dans le cours des temps, se faisant l’un de nous et, surtout, un avec nous !

C’est ainsi que Jésus, en sa mort et en sa résurrection, deviendra Celui qui, récapitulant toutes choses en lui, pourra tout remettre entre les mains du Père, afin qu’un jour, à la fin des temps, « Dieu soit tout en tous » (1 Cor 15,28).

Telle est  la grande vision que nous devons avoir du dessein créateur et rédempteur de Dieu. C’est dans le Christ, et en lui seul, que nous pouvons contempler ce projet éternel de Dieu et en comprendre la profonde justification.

En tournant les pages de l’Evangile, nous pouvons découvrir comment le Seigneur Jésus Christ a réalisé cette mission confiée par le Père : manifester et établir une parfaite solidarité avec tout homme et avec tous les hommes puisque c’est, en cette unité et en cette communion de vie, que s’accomplit pour nous le salut de Dieu.

A Noël, déjà, nous pouvons percevoir ce que Dieu veut. Certes l’enfant Jésus ne peut être que silencieux ; mais aussi bien les bergers prévenus par l’ange dans le ciel que les mages intrigués et mis en route par l’astre nouveau ne peuvent résister au message et à l’appel reçus : ils viennent vers l’enfant.

En effet, ces bergers, en Israël même, viendront jusqu’à Lui, venu jusqu’à nous ; et au nom de tous les peuples païens, les mages l’adoreront.

Une première et mystérieuse solidarité s’inaugure ainsi, et qui se poursuivra dans l’histoire de l’humanité, avec l’Eglise, en sa mission reçue, celle même du Christ : rassembler tous les hommes dans l’unité (Cf. Jn 11,52).

Trente ans plus tard, Jésus vient au Jourdain pour y être baptisé. Jean avait déjà annoncé que, si lui baptisait dans l’eau, venait derrière lui Celui qui baptiserait dans l’Esprit Saint et dans le feu.

On comprend alors la surprise et même le refus de Jean, lorsque Jésus lui demande le baptême en disant : « Laisse faire maintenant, c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice » (Mt 3,15).

Cette justice, c’est le dessein même de Dieu, et voici que Jésus et Jean vont se trouver solidaires pour l’accomplir. Le « nous » de leur commune mission manifeste bien ce que Dieu exige, en faveur de cette mystérieuse solidarité et de leur commune obéissance.

Il faut que Jésus, par ce baptême, s’identifie au péché du monde et se rende ainsi solidaire de tous les pécheurs que nous sommes ; il descend donc dans les eaux du Jourdain comme il descendra plus tard dans celles de la Passion. Il faut qu’il en sorte victorieux du péché et de la mort, et que les cieux s’ouvrent à jamais pour que l’Envoyé puisse remonter près du Père, suivi de tous ceux qu’il est venu rejoindre en son propre baptême.

C’est peu à peu qu’il nous faudra découvrir, dans les paroles et les gestes de Jésus, tout au long des rencontres de l’Evangile, sa volonté et sa mission de solidarité. L’Evangile nous propose, en fait, les multiples rencontres de Jésus tout au long de sa vie publique : avec les disciples et avec les foules, avec les scribes et les pharisiens, sans oublier les possédés, les infirmes, les malades et tous ceux qui l’acclameront en disant : « Un grand prophète s’est levé parmi nous et Dieu a visité son  peuple » (Lc 7,16), ou « Nous n’avons jamais rien vu de pareil » (Mc 2,12).

Parmi ces rencontres, certaines sont particulièrement signifiantes, celle de Jésus et du lépreux, par exemple (Mc 1,40-45). Quand celui-ci s’approche, Jésus le touche, geste interdit, et qui le rend lui-même impur selon la loi juive.

Jésus aurait pu le guérir à distance par la seule puissance de sa parole, mais cela n’aurait pas manifesté le plus vrai et le plus profond de son désir et de sa mission : être proche et solidaire de toute détresse ; c’est la raison pour laquelle Jésus le touche. En lui, c’est la miséricorde divine qui vient toucher l’extrême de la misère humaine.

Il faut ainsi que la vie qui l’habite passe en celui qui est venu se prosterner aux pieds de son unique Sauveur.

Autre page de l’Evangile quand Jésus, au grand scandale des pharisiens, entre dans la demeure des pécheurs et des publicains, et même, mange avec eux. Bon prétexte d’accusation pour ses détracteurs : « Cet homme-là fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux » (Lc 15,2).

Pour se justifier, JĂ©sus leur propose les trois paraboles de la misĂ©ricorde (Lc 15,4-32). Cependant, comment les pharisiens et les scribes peuvent-ils comprendre que JĂ©sus n’est pas venu pour les justes – ou ceux qui se prĂ©tendent tels – mais pour les malades et les pĂ©cheurs ?

Comment sauront-ils contempler, dans le simple partage d’un repas, Celui qui offre aux hommes la tendresse même de Dieu et son pardon, avant que de leur offrir, en son propre repas eucharistique, toute sa vie de Fils de Dieu en communion ?

Un autre récit évangélique mérite notre attention : celui de la rencontre de Jésus avec la femme surprise en flagrant délit d’adultère et que l’odieuse troupe des anciens et des accusateurs place au centre du groupe (Cf. Jn 8,1-11).

Tel est le cercle de la haine envers cette femme et du soupçon envers Jésus qui se referme ainsi. Certes, cette femme semble coupable, alors, que va faire Jésus : respecter la loi qui veut qu’une telle femme soit lapidée, ou va-t-il réussir à la sauver, mais alors, comment ?

Au centre de ce cercle, nous pouvons contempler le face à face de la pécheresse et de son Sauveur, de la détresse et du pardon, de la plus effroyable des solitudes et de la plus merveilleuse des solidarités.

Pour qu’enfin le cercle se brise, Jésus prend son temps, et même il semble le perdre en écrivant sur le sol. Comme son silence ne parvient pas à provoquer leur honte,  Jésus prononce cette inoubliable parole : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre » (Jn 8,7).

On connaît la suite en ce qui concerne les accusateurs. Mais qui aura compris que Celui qui s’est voulu solidaire de tous les hommes et de leur péché, Celui que Dieu avait même « fait péché pour nous » (2 Cor 5,21), ne pouvait-il pas condamner cette femme ?

Il lui était tellement solidaire qu’il se serait, alors, condamné lui-même. Telle est la solidarité du Fils de Dieu avec nous jusqu’à l’extrême de sa vérité et au plus haut de sa beauté.

Les rencontres avec le Ressuscité offrent un dernier message. Il faut que Jésus se donne à voir et à reconnaître. Alors, il vient et se tient au milieu d’eux.

C’est ainsi qu’il dira à Thomas l’incrédule : avance ta main  et reconnais que c’est bien moi. Pour nous aussi, c’est en touchant le Christ, par une solidarité de communion et de grâce avec lui, que nous pouvons le voir et le suivre !

En une autre circonstance, Jésus vient et se met à suivre, lui le Seigneur, les deux disciples qui ont quitté Jérusalem. Etrange comportement de Jésus qui met alors ses pas de Ressuscité dans leurs pas d’hommes désemparés et découragés. Alors qu’ils s’en vont, tristes et perdus, Jésus vient les retrouver afin qu’ils écoutent et comprennent les Ecritures pour voir enfin, en lui, Celui qui, désormais, est leur vie et la vie du monde.

D’ailleurs, c’est maintenant que Jésus est vraiment Emmanuel, Dieu avec eux et avec nous. Telle est la conclusion surprenante de l’Evangile de Matthieu : « Et moi, je suis avec vous, tous les jours, et jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20).

Sur la montagne, au tout début de l’Evangile, Jésus les avait appelés « pour qu’ils soient avec lui » (Mc 3,13). C’est lui, maintenant, qui reste avec eux et avec nous, pour toujours !

Si JĂ©sus se veut ainsi solidaire avec nous, et il le prouve tout au long de l’Evangile, nous devons alors nous demander : quelle rĂ©ponse attend-il de nous ? D’autant plus que – l’Evangile nous le rĂ©vèle -, ceux qui le suivent se retirent peu Ă  peu et se sĂ©parent de lui. En effet, sa parole est trop dure Ă  Ă©couter : qui pourrait l’accepter ? Alors JĂ©sus restera seul : Ă  l’Heure de la Passion, les disciples ont disparu. Judas a trahi, Pierre a reniĂ©, et les autres oĂą sont-ils ?

C’est au plus profond de cette solitude que Jésus atteint le sommet de la parfaite solidarité, puisqu’il est  le Sauveur de tous les hommes et même de toute la création : telle est notre foi.

4 – Notre réponse à cette solidarité : comment et pourquoi ?

Il ne suffit pas d’affirmer la solidarité de Jésus avec nous, si nous ne comprenons pas quelle réponse nous devons lui donner : comment et pourquoi être, à notre tour, solidaires du Christ Jésus ?

Jésus attend toujours la réponse de notre foi et il ne cesse de la solliciter : « Je vous l’ai dit, mais vous ne croyez pas », ou « Vous ne me croyez pas parce que vous n’êtes pas de mes brebis » (Jn 10,25-26). Pour lui, la conclusion est cruelle : « Quoiqu’il eut opéré devant eux tant de signes, ils ne croyaient pas en lui » (Jn 12,37).

A un moment crucial de sa vie publique, Jésus pose la question : « Qui sont mes frères et qui est ma mère ? » En effet, sa mère et ses frères sont là qui le cherchent, pensant même, nous dit Marc, qu’il a perdu la tête !

D’où cette question et la réponse donnée par Jésus lui-même : « Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère, une sœur et une mère » (Mc 3,34). En  Luc, Jésus dira : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique » (Lc 8,21).

Nous nous trouvons, ici, face à ce que nous devons être et devenir à la suite du Christ. Lui qui, de nous, s’est voulu solidaire, allons-nous lui refuser la réponse de notre foi, de notre reconnaissance et de notre amour ?

Sommes-nous convaincus que nous lui devons la réponse de notre solidarité avec lui ? Il a voulu être un avec nous, pouvons-nous hésiter et refuser d’être un avec lui ?

S’il est facile de percevoir ce que nous devons être, nous avons cependant à nous demander pourquoi et comment vivre notre solidarité avec lui. Pour le « comment », Jésus vient de  nous donner la solution : « Ecouter sa parole et la mettre en pratique ».

Si Jésus, en tout son être d’homme-Fils de Dieu, est la Parole, l’unique Parole que Dieu nous adresse de toute éternité, comment, cette Parole, pourrions-nous ne pas l’écouter ? D’autant plus que Pierre nous a déjà donné la bonne réponse : « Seigneur, à qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68).

Si donc Jésus a ces paroles de vie, s’il est, en sa personne même, la Parole éternelle de la vraie vie, alors ne prenons pas le chemin de la mort. Ecoutons ce que Jésus nous dit en son identité  même ; puis essayons de mettre en pratique son enseignement. Nous le savons, avec la conclusion du Sermon sur la montagne, c’est ainsi que nous construisons notre propre demeure sur le roc et non sur le sable !

Cependant, pourquoi faut-il que nous soyons des auditeurs de la Parole ? Pourquoi, faut-il que nous soyons, par cette écoute, des disciples solidaires de leur Seigneur, Jésus le Christ ?

Ce que l’Evangile nous demande, c’est d’être avec le Christ, mais de l’être aussi avec chacun de nos frères et avec tous les hommes. Nous le savons : le Christ qui nous appelle est aussi Celui qui nous envoie, car il veut que sa mission devienne pleinement la nôtre.

Venu dans le monde  pour restaurer l’unité et avec Dieu et entre nous, le Christ ne peut pas nous confier une autre mission.

Comment être uni à celui qui souffre, qui pleure et qui a faim ; comment être uni à celui qui est heureux : l’éventail des réponses possibles ne peut se décrire. Il nous serait facile de donner les réponses immédiates ; d’ailleurs les initiatives personnelles et communautaires ne manquent pas.

Certes, il est toujours possible de faire plus et de faire mieux, mais il convient de rester à la question du « pourquoi » et d’en bien formuler la juste réponse. Il convient de la fonder sur des raisons et des fondements qui tiennent bon !

Soyons convaincus du plus sérieux de notre foi, que si le Christ s’est voulu solidaire de tout homme, c’est de cette solidarité-là dont nous sommes responsables ; c’est bien pour l’annoncer et la communiquer que nous sommes des envoyés.

Apporter à nos frères qui peinent une solidarité humaine, c’est indispensable et c’est le minimum requis. Cependant, nous ne serions pas dignes de la mission qui nous est confiée, si nous n’apportions à nos frères que notre simple solidarité personnelle ou communautaire.

Oui, celle-ci est absolument nécessaire, et, souvent, elle est la plus urgente à mettre en route, mais elle ne suffit pas. Il faut que nous soyons, en notre monde, témoins et artisans de la solidarité qui est en Christ, et en lui seul, pour toute l’humanité, si nous en prenons claire conscience : terrible exigence !

De même qu’il nous faut  témoigner de la Parole de Dieu, la proclamer et l’enseigner, de même il nous faut apporter, à chacun de nos frères, le Christ lui-même, le Christ en ce qu’il est pour nous et avec nous.

C’est surtout du Christ lui-même dont tout homme a besoin : de lui, de sa vie, de sa communion au Père et de sa communion d’amour avec nous. De lui, et donc de sa lumière, de son pardon et de sa présence de salut, pour chacun et pour tous, et cela tous les jours jusqu’à la fin des temps.

Comprenons alors que nous ne pouvons donner à nos frères ce que nous n’aurions pas nous-mêmes. C’est donc pour être solidaires, en vérité, de tous nos frères que nous devons être, chacun et tous ensemble, confirmés dans notre solidarité avec le Christ.

Il faudrait, ici, parler de l’Eglise, car c’est elle, en tout premier, qui est cette portion d’humanité en pleine et parfaite solidarité avec le Christ, parce qu’elle en est la première réceptrice.

Osons dire, et que ce soit notre conviction et notre fierté de chrétiens, que, sans l’Eglise, la solidarité du Christ resterait absente de notre monde, et que, sans l’Eglise, nous ne pourrions l’offrir à nos frères.

C’est de la solidarité de l’Eglise, une avec le Christ, que nous devons vivre, et c’est par elle  et avec elle que nous pouvons être les témoins et les artisans de la solidarité même du Christ.

Ce que le chrétien, et lui seul, peut donner, à savoir cette solidarité même du Christ et avec Dieu et avec nos frères, il doit le donner. Nous sommes, là, au cœur et au sommet de la vie de l’Eglise et de sa mission ; mais, aussi, au cœur et au sommet de chacune de nos vies et de la réponse qu’il nous faut donner, comme disciples du Seigneur Jésus Christ, à l’attente de l’Eglise et de tous nos frères les hommes.

[1] P. Jean de la Croix, Conférence de Carême à la Cathédrale de Grenoble, 2011

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