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Avec Clément, à Bethlehem en Afrique du Sud

En annĂ©e de cĂ©sure , ClĂ©ment est envoyĂ© en Afrique du Sud, au service d’une association Ă©ducative fondĂ©e par le diocèse de Bethlehem. Il propose des activitĂ©s pĂ©dagogiques et ludiques Ă  des jeunes en difficultĂ©. Il s’occupe Ă©galement de la comptabilitĂ© de l’association.

Qui ĂŞtes-vous ?

Je suis Clément de Blic, 204Li215, Globuliop et depuis peu baptisé par les Sésotho kgotso qui signifie paix. J’ai 22 ans et j’ai décidé de faire une année de césure entre ma 2ème et 3ème année à l’ENSAM. Je suis donc désormais en Afrique du Sud pour 1 an, envoyé par l’ONG Fidesco.

La Mission : Qu’est-ce que cela signifie pour toi ? Et pour l’Eglise ?

La mission c’est pour moi aller se mettre au service du plus faible. C’est donc sortir de son « canapé » comme dit notre cher pape, pour se rendre disponible et aller rencontrer son prochain. C’est aussi témoigner de sa foi en ayant une vie quotidienne cohérente avec le message de l’évangile. Enfin c’est également rendre témoignage de sa mission. La mission est donc avant tout dans le but d’aider ceux qui sont dans le besoin, mais ça doit également être fait dans l’espoir d’évangéliser. Je pense que pour l’église c’est aussi cela la mission. La mission n’est pas nécessairement à des kilomètres de chez soi, mais pour ma part cela me permet de sortir radicalement de mes habitudes, de mon quotidien pour repartir sur de meilleures bases.

L’Appel à tout quitter et partir : de quand date-t-il ? Comment est-il né ? Comment a-t-il mûri ? Comment a-t-il été accompagné par FIDESCO ? Que faisais-tu avant ?

Ce n’est pas pour rien qu’il y a « globe » dans ma buque « Globuliop ». En effet ces dernières années j’ai été de plus en plus animé par l’envie de faire une année de césure, l’envie de voyager, de vivre une expérience humaine forte, de découvrir une nouvelle culture, un nouveau peuple, une nouvelle façon de vivre sa foi, l’envie de me forger l’esprit. Mais surtout après avoir tant reçu, l’envie de donner un peu de mon temps, de me mettre au service des autres. Les témoignages de ma sœur, de cousins, d’amis partis quelques temps n’ont fait qu’attiser ce désir. Une césure juste avant ma dernière année à l’ENSAM me semblait idéale puisque cela me permettait de partir sans me soucier de ce que j’allais faire à mon retour. Et ma réintégration serait facilitée par cette dernière année qui est essentiellement composée de projets et de stage. Toutes les conditions étaient réunies, je ne pouvais que me lancer dans cette folle aventure.

Ta mission : quelles responsabilités confiées ? Le partenaire local ?

Ma mission a de multiples faces. Tout d’abord je travaille pour le CCS (Catholic Community Services) qui a été créé par le diocèse de Bethlehem dans le but de permettre aux populations pauvres d’obtenir les moyens de sortir de la misère par l’éducation. Je m’occupe donc de jeunes en difficultés. A court terme je joue avec eux, en faisant en sorte qu’aucun d’eux ne soit exclu ou maltraité, je suis à leur écoute et à leur service. A plus long terme je vais essayer de mettre en place des structures permettant d’aider les volontaires locaux à suivre chacun de ces jeunes de façon fiable et durable. Je m’occupe également de la communication de CCS (site web et page Facebook). Enfin CCS a également un programme qui vise à créer des micros coopératives maraichères dans le but d’apporter à quelques foyers un emploi, de la nourriture et parfois un peu d’argent. CCS souhaite donc avoir son propre potager qui fasse office d’exemple, d’exposition. On m’a donc confié une partie de ce potager dans lequel je vais essayer d’apporter ma petite touche personnelle.
L’évêque m’a aussi demandé de prendre en charge les jeunes de la cathédrale qui est de plus en plus déserte. Les paroisses du township sont très vivantes mais la cathédrale est en pleine ville, elle est donc située dans un milieu très africaner, en grande majorité protestants. Les paroissiens sont portugais, indiens, britanniques, africaners et sésothos. Très hétéroclites, il n’y a pas beaucoup cohésion, la cathédrale se désertifie petit à petit. C’est dans ce contexte que je vais essayer de redynamiser un peu les jeunes en cherchant ce qui pourrait leur convenir : chorale, groupe de prière, adoration… je ne sais pas encore.

L’inculturation ? Qu’est-ce que c’est ? Comment ça se vit ? Une anecdote ?

L’inculturation c’est pour moi essayer de comprendre la culture locale pour s’intégrer le plus possible. Le meilleur moyen de comprendre la culture est de la vivre. Avec ses 11 langues officiels L’Afrique du Sud est encore très marqué par l’apartheid. J’essaye donc de faire de mon mieux au milieu de tout cela. Je peaufine mon anglais, m’initie au Sesotho. Le matin je travaille avec mon boss Britannique, en début d’après-midi je joue au foot avec des petits Sésothos qui ont les habits troués, en fin d’après-midi j’assite aux cours de KT pour les jeunes portugais qui viennent en BMW, et le soir je vais fêter l’anniversaire d’un indien qui a invité tous ses amis africaners qui font de hautes études. Après ma première leçon de Sésotho j’ai été visiter un centre qui s’occupe de jeunes en difficulté. Tout content je leur dis bonjour en Sésotho, celui qui m’accompagne m’explique alors que ces jeunes ne parlent pas Sésotho mais Zoulou. De plus au milieu de tout cela je suis logé dans l’évêché, l’évêque est allemand.
L’inculturation c’est aussi apprendre à manger proprement avec ses mains, rouler à gauche et découvrir le code de la route sud-africain, manger du porridge tous les matins, s’initier au braai (gros barbecue, c’est quasiment une religion), écouter du hiphop très fort en roulant doucement en voiture avec les fenêtres ouvertes dans les rues du township, essayer de chanter dans la chorale qui chante en Sésotho pendant la messe et devoir faire les 3 processions en dansant, trouver qu’une messe de minimum 2h30 ce n’est pas si long, passer une nuit blanche avec l’évêque pour une nuit de prière avec messe à 3h du matin dans une église qui ressemble à des gradins et où il ne fait pas plus de 12 degrés, commencer à déjeuner à 17h15 alors qu’on s’est levé à 6h30, découvrir que même s’il fait 25 degrés en journée, il peut faire 3 degrés la nuit, sans double vitrage. Et enfin c’est accepter de n’avoir comme fromage que du cheddar…

Gadzarts et missionnaire : un beau programme !?

Quels conseils donnerais-tu aux PGs pour qu’ils soient des gadzarts en mission chez eux en France, dans leur centres A&M respectifs, dans leurs aumôneries ?

Qu’est-ce qui dans vos souvenirs d’école a pu éventuellement nourrir votre projet de départ ?

Pour être missionnaires je vous conseille de demander très largement autour de vous que l’on prie pour vous, prier pour eux en échange. Les fruits sont alors assez incroyables, et la force qui vous accompagne est remarquable. Témoigner des fruits de vos mission à ceux qui prie pour vous, ça leur fait plaisir, ça les relance et ça vous rebooste également!!! Ensuite je pense que le principal témoignage est de vivre en cohérence avec le message de l’évangile 24h/24. Si c’est difficile se dire qu’on fait ça pour le christ et que ça en vaut la peine. Pour tenir se ressourcer par la prière très régulièrement. Il faut ensuite se convaincre de tout faire pour se séparer de ce qui nuit à notre mission, la confession est un outil très efficace pour cela.
Ensuite je dirais que pour agir il faut faire confiance à Dieu, s’abandonner à lui. Je ne suis pas quelqu’un qui a une immense confiance en soi, mais depuis ma mission je demande beaucoup à Dieu de m’aider, de me guider et jusque-là ça fonctionne remarquablement bien. Puis il faut oser faire le premier pas. C’est peut-être le plus difficile mais ensuite ce n’est que du bonheur!
Après seulement 6 semaines de mission je ne suis pas devenu un expert de la mission, mais je peux vous dire que j’ai déjà découvert qu’il y a de multiples façons de vivre sa foi. Des façons très différentes selon les cultures et les caractères, elles ont toutes du bon et du moins bon et beaucoup à apprendre les unes des autres. La manière dont on propose aux gens de vivre leur foi n’est donc peux être pas toujours celle qui leur convient et qui leur plaira. Mais je suis certain qu’on peut toujours trouver une manière adapter et dans laquelle ils s’investiront.

J’ai vécu 2 très belles années à l’ENSAM, festives, chargées et passionnantes, avec de superbes collocs, une vie de foi régulière. Mais j’avais régulièrement l’impression qu’il me manquait quelque chose, que cette vie bien que très riche était parfois un peu fade. Je pense que c’est cela qui a alimenté mon désir de mission.

Que dirais-tu aux gadzarts restés en France qui réfléchissent à un projet de départ ? (Jeunes et moins jeunes !)

N’hésitez pas, foncez ! Vous ne le regretterez pas ! Néanmoins prenez le temps de vous former, de choisir un organisme qui vous convienne, réfléchissez à votre retour, mais faites-le !!!

Et après ? Le retour en France ? Y as-tu pensé ?

Mon retour est assez clair puisque je sais que j’effectuerais ma dernière année à l’ENSAM. Le fait de savoir cela me permet de partir sans inquiétude ce qui est très confortable. Fidesco m’a bien invité à réfléchir à mon retour, ils prévoient même les assurances pour les premiers mois. Après je ne sais pas dans quel état je vais rentrer, je sais juste que je ne serai plus tout à fait le même. J’espère que je ne reprendrais pas (et je ferais en sorte que non) mon train-train quotidien, j’espère que je parviendrai à conserver le dynamisme de vie que j’ai en ce moment. Fidesco me demande de témoigner de ma mission après mon retour, je pense que c’est un premier moyen de garder ce dynamise, mais ce n’est pas suffisant.

Un mot pour conclure

Avant terminer j’aimerai vous témoigner une petite pépite qui illustre très bien ce que je vie dans ma mission. J’étais dans un centre qui s’occupe de jeunes en difficultés, qui accueille donc des enfants handicapés, orphelins ou simplement défavorisé. Souvent les plus débrouillards s’organisent un petit match de vous foot mais cette fois Tshepang, jeune handicapé, décide de se joindre à eux. Je suis également invité à me joindre à son équipe. Après quelques minutes de jeu je constate que Tshepang y met toute son énergie, mais ses pieds ne sont pas aussi agiles qu’il le souhaiterait. Les autres de l’équipe lui en veulent un peu. Je constate cela, impuissant. Je demande alors à Dieu de venir donner un petit coup de main à ce jeune. Peu de temps après je lui fais une passe et… il met un but ! son sourire fait plaisir à voir, mais les rires des autres de l’équipe amusés par ce coup de chance le laissent perplexe. Tout de même par la suite, l’équipe lui refait la passe et c’est ainsi qu’il marque un deuxième but, puis un troisième !!! J’ai alors la joie de le voir venir vers moi avec grand sourire annoncer 3-0, et de voir les autres de son équipe fous de joie.

Pour conclure je souhaite remercier tous ce qui me soutiennent, remercier le bon Dieu pour tout ce qu’il me donne au cours cette mission. J’espère que ce petit témoignage vous aura intéressé, qu’il donnera des idées à certains.
Enfin je vous demande de prier pour moi, pour le bon déroulement de ma mission. Je prierai pour vous, promis !
En union de prière fraternelle,
Kgotso

Merci !